Vallée de l'Auze
Entre le puy de l’Agneau, où elle prend sa source, et la Dordogne, qu’elle rejoint en rive gauche, l’Auze voyage d’un pays à l’autre sans jamais quitter le département du Cantal. Wikipédia indique que « dans sa partie aval et sur plus de vingt kilomètres, ses gorges sauvages, hautes de 100 à 300 mètres, sont d’accès difficile, surtout à proximité de l’église de Brageac, où elles peuvent être impénétrables ». Mais il en faut plus pour impressionner Valérie, qui s’est lancée dans l’aventure. Elle nous offre ici le récit de ses explorations…
Je m’appelle Valérie, je suis née dans le Cantal et je ne me lasse pas d’y retourner régulièrement. Ici, les paysages sont quelquefois tellement incroyables que je ne saurais vous les décrire. Mais, vous qui les connaissez savez de quoi je parle.
Depuis longtemps, j’avais le souhait de suivre le cours de l’Auze (je la traverse régulièrement, au niveau de Salins) et puis… le temps qui passe… les évènements que l’on ne peut contrôler… j’ai fini par remiser cette idée dans un coin de ma tête. Lorsque j’ai découvert le site de Philippe, j’ai eu comme un déclic, c’est comme si je me reconnectais à cette soif de prendre le chemin !
Pour moi, Aux vallées du Puy Mary, c’est comme une bouffée d’oxygène, un souffle qui incite au mouvement, un murmure qui appelle. Je ne veux pas parodier les propos de Philippe, mais je me retrouve vraiment dans ses discours. Ce qui fait sens pour moi, c’est :
- prendre le temps, un temps pour soi,
- ralentir, mettre certains impératifs sur PAUSE,
- chausser ses baskets, prendre le chemin, et, alors, la connexion à soi, aux autres et à la nature se fait d’elle même.
Je comprends, lorsqu’il parle de l’identité propre à chaque vallée, de la notion que toute la vie s’organise autour de l’eau (et peut-être que cela fait plus sens encore lorsque l’on remonte dans le temps). Ces vallées dessinent un territoire exceptionnel, le Cantal.
Je trouve très jolie la citation de Marie-Hélène Lafon : « j’appelle paysage, le corps des pays ». Elle me renvoie à Paysans. Mes propres grands-parents étaient paysans, ils travaillaient la terre de leur pays, et, en plus d’endurer un rude labeur, ils rendaient la beauté à la terre.
J’ai donc pris le chemin, le 19 août. Mon but : remonter l’Auze jusqu’à sa source, au puy de l’Agneau (oui, mais pas trop vite). Départ : là où les eaux de l’Auze se mêlent à la Dordogne : le pont de l’Auze. Objectifs : prendre le temps, découvrir, s’interroger, écouter, partager, échanger…
Samedi 19 août 2023
Ce matin, il était temps pour moi de prendre une bonne paire de chaussures, une casquette, de l’eau… et j’ai ajouté mon cahier de randonnée, où je note ce qui me paraît important. Puis j’ai sauté le pas : je me suis rendue là où l’Auze mêle ses eaux à la Dordogne.
Il est difficile de suivre le cours d’eau. Les pentes sont par endroits très abruptes, ou bien lorsque l’on peut enfin marcher sur de petits sentiers (certainement empruntés par les pêcheurs), on doit faire demi-tour à cause d’arbres couchés sur le passage. Toujours est-il que j’ai pris mon temps et j’ai vu de magnifiques martins-pêcheurs rasant l’eau… une écrevisse… Et j’ai découvert des endroits superbes !
Autre chose : j’ai effectué des recherches pour comprendre l’histoire de ce pont qui enjambe l’Auze au point de confluence avec la Dordogne. Le site des Archives départementales du Cantal regorge de précieuses informations, c’est un vrai régal !
Pour ma prochaine étape, j’envisage de prendre mon vélo à bord de la voiture, car le chemin risque d’être plus long. Pour une première fois, c’est plus sûr !
Dimanche 3 septembre 2023
Je pars du pont du Pestre, et découvre le site de la maison forestière du Pestre, aujourd’hui laissée à l’entière disposition des chauves-souris menacées de disparition.
J’emprunte ensuite un chemin situé au sein de la forêt domaniale de Miers. Il est suffisamment bien entretenu pour pouvoir l’utiliser en VTT (mais pas forcément en vélo de route comme le mien 😅). Pêcheurs et enfants profitent de la fraîcheur de l’Auze.
Par endroits, le lit de la rivière est parallèle à un « chemin » de pierres qui laisse à penser que l’étendue de l’Auze pourrait parfois être plus importante. Peut-être selon la saison ? en fonction des lâchers d’eau du barrage des Esprats ? ou peut-être des deux à la fois ?
Il commence à se faire tard, je suis très près du barrage mais je ne le vois pas encore… je retourne sur mes pas.
Dimanche 17 septembre 2023
Mon point de départ se situe à Essoudié, prés de Crouzit-Bas, sur la commune de Chalvignac. Cette fois-ci le dénivelé commence à être important, mais quel plaisir lorsque j’arrive enfin tout proche de l’Auze et que j’entends son murmure ! Très vite, je parviens à l’embranchement que j’avais laissé la dernière fois. À peine 200 mètres, et je découvre le barrage des Esprats.
Il n’est malheureusement pas autorisé de l’approcher de très près, et j’aperçois tout juste la prise de force en amont, sur l’autre rive. Un rapace viens juste de survoler l’espace, vite dissimulé parmi la végétation. Une visite en amont du barrage de l’Aigle sera à prévoir pour retrouver une partie de l’Auze à l’autre extrémité du tunnel long de 4km.
Samedi 23 septembre 2023
Départ à l’embranchement de la route du « trou du loup » (Saint-Jean, Mauriac), pour découvrir le pont du moulin.
Le dénivelé est moins rude, la chaleur plus supportable. À l’approche du but, la rivière est bruyante et ce n’est qu’arrivée tout près du site que j’entrevois les ruines de ce qu’il reste du moulin de l’Auze. Je poursuis le sentier qui mène au pont, le traverse, et descends à la rivière. Sur les deux piles qui se font face, il y a 4 cavités. Servaient-elles à recevoir des poutres permettant de soutenir la travée ?
Je quitte l’Auze, franchis de nouveau le pont et décide m’approcher au plus prés du moulin. La végétation est très dense mais je parviens à me frayer un chemin. Je devine des biefs, les quelques restes de murs supportent encore quelques ouvertures, le four à pain est éventré. Je longe la rivière et j’aperçois le vieux pont… Je rebrousse chemin.
Sur le site des Archives départementales, j’ai retrouvé un plan napoléonien et des photos du moulin du Pont (moulin d’Auze). Sur l’une d’elles, on aperçoit l’église de Brageac (prochaine destination !).
L’homme a délaissé les lieux, la nature a repris ses droits, le site est méconnaissable d’avec la vision des années 1920. J’ai en tête de faire d’autres recherches pour me donner une idée plus précise de ce que pouvait être la vie jadis en ces lieux.
Dimanche 1er octobre 2023
Départ de Brageac avec la découverte du village et de son histoire… Tout d’abord une marche vers la fontaine et l’ermitage de Saint-Til : découverte du site et de l’histoire de cet ermite.
Pour faire court : d’origine saxonne, issu d’une famille noble, enlevé par des pirates, vendu comme esclave aux Francs, affranchi par Dagobert (628), baptisé par saint Eloi, confié aux moines de Solignac, il va s’enfuir du monastère, remonter la vallée de l’Auze et fonder son ermitage sous le nom de Paul. Il retourne à Solignac où il s’éteint (en 702 ou 707).
Avant de repartir sur mes pas, je profite de la vue qui donne vers l’autre rive sur le « trou du loup ». J’ai la chance de pouvoir découvrir l’intérieur de l’église Saint-Thibaud (XIIème siècle). J’apprends, entre autres, qu’une des trois cloches (la plus petite) est la plus ancienne du Cantal (1466).
J’emprunte alors le chemin du moulin du pont et retrouve l’Auze. En prenant la route en sens inverse, direction Ally, je m’arrête à la minuscule chapelle de Contres (commune de Chaussenac) mais elle est malheureusement fermée. Elle abriterait une Piéta entourée de saint Roch et saint Jean-Baptiste.
Vendredi 13 octobre 2023
Je pars de l’embranchement de la route du Fayet et le chemin de Lavergne (croix). C’est le temps idéal pour la marche ; il fait doux, juste ce qu’il faut de vent pour apprécier les parfums de la campagne. Avant de commencer la descente vers l’Auze je découvre une vue magnifique sur la Corrèze. La vue est dégagée, j’aperçois le poste électrique du barrage de l’Aigle.
Je sais à peu près à quoi m’attendre, la balade du 17 septembre ressemble un peu à celle-ci. Et à l’arrivée, c’est toujours aussi beau.
Rejoindre les bords de l'Auze par les transports en commun
Les derniers kilomètres de l’Auze, très encaissés, ne sont pas accessibles par les transports en commun.
La ligne régionale C02, qui assure la liaison par autocar entre Aurillac et Mauriac, possède un arrêt sur la RD 922, à proximité de la célèbre cascade de Salins formée par l’Auze. Pour rejoindre la rivière, ne longez pas la départementale, dépourvue de trottoir et donc trop dangereuse. Passez plutôt par la petite route qui traverse le village de Salins.
Seule solution pour atteindre les ultimes méandres de la rivière : emprunter un taxi depuis Mauriac et se faire déposer du côté du moulin d’Auze.