De Ferrières-St-Mary à Neussargues
Cette portion part des rives de l’Alagnon pour rejoindre les rives de l’Alagnon, mais la rivière forme des gorges encaissées qui nous obligent à prendre de la hauteur. Après une longue montée dans la forêt, la vue se dégage, et du côté du hameau de Mallet, le spectacle grandiose de la vallée se dévoile. D’un seul regard, nous embrassons les 35 kilomètres qui nous séparent encore du col de Rombière !

Itinéraire
Non seulement nous arpentons le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, mais nous marchons aussi dans les pas de saint Mary, premier évangélisateur de la Haute-Auvergne au IIIe siècle. À cette époque, le pape Fabian envoya sept évêques en mission pour évangéliser les Gaules, et confia l’Auvergne à saint Austremoine. Austremoine, devenu premier évêque de Clermont-Ferrand, délégua à son tour cette mission évangélisatrice auprès de plusieurs prêtres, parmi lesquels saint Mamet, saint Nectaire, et saint Mary.




Des reliques de saint Mary sont exposées dans la petite église de Ferrières : aux pieds d’une statue polychrome du saint, mais également dans un bras reliquaire en cuivre argenté du XVe siècle, qui semble étonnamment moderne. Les autres reliques furent volées par la comtesse Ermengarde d’Apchon en 1050. Avec ses soldats, elle transporta les reliques jusqu’à Mauriac en empruntant la Via Celtica, qui passait par la vallée de la Santoire et le col de Cabre. C’est en souvenir de son passage que le puy Mary fut nommé !




Ferrières-Saint-Mary compte parmi ces villages que la RN traverse entre deux austères rangées de maisons, dont les volets clos évoquent un âge d’or révolu. Certes, depuis des décennies, la commune perd des habitants, à l’image, hélas, de la ruralité française. Raison de plus pour s’y arrêter et s’y promener. Les balades ne manquent pas, avec 3 PR au départ du village, ainsi que la Via Arverna. L’Hôtel-restaurant des Voyageurs bénéficie d’une excellente réputation, le camping municipal est superbement aménagé, et l’épicerie Vival tient toujours le coup !




Quant à notre itinéraire, il se hisse jusqu’au plateau qui domine la vallée. Plusieurs options sont possibles pour atteindre Auliac, mais la plus confortable consiste à suivre les coquilles bleu et or de la Via Arverna. Nous passons ainsi devant l’ancienne gare de Ferrières, puis entamons la montée sur le bas-côté de la RD134 en direction de Valjouze. Dans le deuxième virage de la route, une belle piste apparaît sur la droite. Et c’est parti pour 4 kilomètres de montée dans la forêt !




Pause camping ?
400 mètres après avoir emprunté la piste, une bifurcation propose de redescendre sur les berges de l’Alagnon pour atteindre le camping municipal de Ferrières de la plus bucolique des façons. C’est aussi l’occasion de se faire des sensations en traversant à vue la voie de chemin de fer ! Une belle passerelle franchit ensuite l’Alagnon, avant de trouver le camping.




À noter que, depuis l’entrée du camping, il est également possible de rallier le village par un petit chemin en bordure de rivière, invisible sur la carte IGN, mais tout à fait sympathique !
Le tracé de la Via Arverna présente l’avantage d’une ascension régulière. Les 300 mètres de dénivelé positif sont franchis facilement, bien que longuement. On a beau aimer la forêt, les retrouvailles avec la lumière et le ciel bleu sont une fête, en arrivant à Auliac !




Nous touchons à peine aux abords du village : déjà, nous repartons sur un chemin agricole… puis nous replongeons dans la forêt ! Le jour du repérage, fin mars 2025, la piste qui descend dans la forêt était labourée par les engins forestiers. Mais nous virons bientôt à droite sur un sentier beaucoup plus paisible, au bas duquel, dans un virage en angle droit, la vallée se découvre soudain, majestueuse ! Dès lors, le chemin reste étonnement plat, tout en multipliant les panoramas sur l’immense paysage qui nous attend.




Les vues sur la tour de Mardogne, donjon ruiné d’un château du XIIe siècle, nous accompagneront désormais jusqu’à Neussargues. Pour le moment, le sentier en balcon, marqué d’un balisage VTT n°1 et n°9, nous mène magnifiquement jusqu’au hameau de Mallet. Nous effleurons ici la planèze de Saint-Flour, avec ses horizons ondulés, rythmés par les murets de pierre sèche, et avec, surtout, ses lumières fantasmagoriques. Le hameau lui-même ne manque pas de cachet, et se trouve traversé par le circuit équestre Planèze et Margeride, dont nous suivons temporairement le fléchage.




Par ce circuit équestre, nous évitons 650 mètres d’une petite route que nous rejoignons finalement peu avant sa jonction avec la RD679. Or, un chemin providentiel démarre au niveau même de cette jonction. C’est ici que démarre notre longue et douce descente vers Neussargues. Pour le moment, nous longeons la voie de chemin de fer pour atteindre le joli petit village de Séverac, qui semble un peu surgi du passé. Mais l’impression d’avoir remonté le temps s’estompe vite devant l’ancienne école, où un panneau indique qu’elle fut construite en 1870 mais ferma en 1966. Déjà, il y a 60 ans, les écoles fermaient dans le Cantal…




Pour rejoindre Neussargues, il suffit de poursuivre dans la même direction et dans la même pente, sur l’un de ces chemins que tout le monde connaît ici, mais que les cartes peinent à rendre visible. Le jour où je suis passé par là, j’ai croisé des familles, des couples, des gens promenant leur chien, une joggeuse, et un quad ! On aurait donc bien tort de se priver de ce tracé, évident sur le terrain, jusqu’à l’Alagnon. Quant aux aboiements à la sortie de Séverac, ne pas s’en inquiéter : ces chiens sont tout à fait dociles ! Sans balisage ni fléchage, le tracé GPX n’est quand même pas du luxe…


Parfois piste agricole, parfois chemin creux dans la forêt, le sentier nous emmène jusqu’à la voie ferrée, que nous longeons brièvement jusqu’à passer dessous, et finalement, rejoindre enfin la rivière ! Près du pont, les flots s’en donnent à coeur joie en cette fin d’hiver. Une petite route goudronnée nous hisse alors jusqu’aux portes de Neussargues, et passe devant la fontaine antique du village. A l’intérieur, sur un linteau de pierre, une croix chrétienne évoque peut-être la proche commanderie templière de Celles, ou bien l’ancien chemin de Compostelle. Sa branche horizontale marque, en tout cas, le niveau d’eau constant de la fontaine.




Plus qu’un virage, et nous voici parmi les maisons : mesdames et messieurs, nous arrivons en gare de Neussargues !