Clio et Yohan, les Petits Savonneurs
La petite route départementale tourne, monte, vire, descend, et sans cesse révèle de nouveaux panoramas sur la montagne. Quelque part entre deux virages, sous ses faux airs de bout du monde, le hameau de Mazieux bruisse de vie, de passion, et du babil d’un petit garçon. C’est ici que Clio et Yohan se sont installés, ont fondé leur famille, et créé leur entreprise de cosmétiques 100% bio, naturels et sans conservateurs.
Quel a été votre parcours jusqu'à cette vallée ?
Yohan en grandi en Normandie, et Clio sur l’île de Saint-Pierre-et-Miquelon. Nous avons tous deux fait nos études à Paris, puis nous y sommes restés pour le travail, et c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Ensemble, nous avons bientôt rêvé d’une nouvelle vie, où l’on créerait notre propre entreprise, à la campagne. Alors pendant des mois, nous avons sillonné la France dans un camion aménagé, à la recherche d’un lieu préservé qui nous enchanterait l’un et l’autre.
Un jour, en arrivant dans le Puy-de-Dôme, nous avons passé le col de la Croix Morand, et face à ce paysage, nous avons su que l’Auvergne serait notre terre d’accueil. Nous sommes finalement arrivés ici, dans le Cantal, et c’est pour la vallée de la Jordanne que nous avons eu le coup de foudre définitif.
Yohan était attiré par la montagne, mais dans les Pyrénées, Clio avait ressenti l’enclavement des hautes vallées. Les monts d’Auvergne offrent un cadre montagnard, mais plus doux, plus rond, plus hospitalier. L’on s’y sent plus libres, or c’est ce que nous cherchions avant tout : un sentiment de liberté.
L’air de rien, dans ce petit hameau, on est prêts de tout. Il y a l’école à côté, le bus scolaire qui s’arrête devant la maison, il y a la Poste à Lascelle, la fibre optique vient d’être branchée, et si besoin, Aurillac est à moins d’une demi-heure de voiture. Clio voulait reprendre l’équitation, il y a Cantal Équilibre, le centre équestre au lac des Graves, juste à côté. Et puis pour notre entreprise, il n’y a strictement aucun frein à être installés ici. Donc, on a tout ce qu’il faut, c’est parfait !
Parlez-nous de votre activité ici
Au tout départ, nous avions envisagé d’ouvrir un hébergement touristique écologique, en portant une grande attention aux matériaux de construction, à la gestion de l’eau, et jusqu’aux produits ménagers et cosmétiques utilisés sur place. C’est ainsi que nous avons élaboré nos premiers savons, et que petit à petit, la cosmétologie est devenue une véritable passion. La naissance de notre fils en 2020, et la question des produits pour le soin des bébés, nous a définitivement engagés dans cette voie.
Quand on a cherché la maison, c’était la seule à vendre dans la haute vallée de la Jordanne ! Le garage, qu’on avait prévu de transformer en atelier de production, nous paraissait un peu petit, mais la maison nous plaisait, alors on a quand même sauté sur l’occasion. Le laboratoire n’est pas grand, mais il est très technique, son efficacité compense sa taille. L’espace de stockage n’est pas immense non plus, mais nous travaillons à flux tendu, pour préserver la fraîcheur des produits, donc nos besoins restent limités. Ce qui manque, peut-être, c’est un petit espace de vente sur place.
L’intérêt de monter l’entreprise ici, c’est qu’on s’inscrit dans une communauté à taille humaine. Nous venions à peine de démarrer les premières ventes que tout le monde dans la vallée nous connaissait. La presse régionale est venue nous rencontrer, puis la presse nationale, nous avons reçu de nombreux soutiens, de la CCI, des élus locaux, de la Marque Auvergne, de Puy Mary Grand Site de France, etc.
Si vous deviez conseiller une balade à faire dans les environs ?
Yohan
Alors moi, j’aime bien Aurillac, je trouve que le centre-ville est super sympa, avec ses rues piétonnes, ses boutiques, ses bars, ses restaurants… Pour une petite ville de 25000 habitants, c’est assez remarquable. Il n’y a peut-être pas de monuments exceptionnels, mais c’est une ville très agréable à vivre.
Clio
Pour ma part, je trouve que c’est une opportunité formidable d’aller faire du cheval au lac des Graves, je le conseille à tous les amateurs d’équitation, c’est un cadre idyllique pour la randonnée équestre. C’est incroyable d’avoir ça à dix minutes de chez moi !
Yohan
En famille, quand on a de jeunes enfants, il y a une jolie balade à Mandailles, intitulée « Carnet d’un paysagiste ». Un livret est disponible pour les enfants à la Maison de Site, qui leur permet de découvrir le patrimoine et les paysages en s’amusant. Des panneaux jalonnent le sentier en rapport avec le contenu de ce livret. C’est facile, ludique, nous on le fait très souvent !
Clio
Enfin, juste en partant d’ici à Mazieux, on peut grimper jusqu’au rocher qu’on voit depuis notre fenêtre. Après le rocher, on peut même rejoindre le GR 400 en poursuivant la montée jusqu’aux crêtes du puy de Bassierou. Si on veut aller jusqu’en haut, ça fait quand même un bon petit dénivelé de 380 mètres en tout.
Comment voyez-vous l'avenir de la vallée ?
Selon nous, il y aura de plus en plus de monde désirant vivre dans des lieux tels que celui-ci. Il faut cependant que l’offre immobilière suive la demande, ce qui ne va pas toujours de soi aujourd’hui. Bien qu’on trouve beaucoup de maisons inhabitées dans la vallée, les biens à vendre ou à louer restent rares. Il faut aussi que les propriétaires arbitrent en faveur des gens qui veulent s’installer à l’année, vivre et travailler ici, mettre leurs enfants à l’école du village, plutôt que de faire des résidences secondaires qui seront ouvertes deux mois dans l’année.
Les programmes neufs peuvent être une solution pour l’accueil des nouveaux habitants, mais ce sera sur des terres agricoles, et ça ne résoudra pas la question du patrimoine bâti, souvent très beau, qui mériterait d’être valorisé. Dans la culture rurale, il est vrai que céder ses propriétés, héritées du labeur de ses aïeux, ne va pas forcément de soi. Enfin, l’avenir, ce sont aussi tous ces gens passionnés qui animent la vallée, comme par exemple, Clémence et Antoine au lac des Graves, Stéphanie et Marc à l’auberge des Milans, et tant d’autres !
Et le mot de la fin ?
La population du Cantal diminue car le solde naturel est négatif, du fait d’un âge moyen plutôt élevé, mais le solde migratoire est très positif, de l’ordre de 800 habitants par an. Le département est donc bien attractif ! Et c’est vrai que si on compare avec d’autres territoires ruraux, comme les grandes plaines de monoculture céréalière par exemple, ce sont des campagnes artificielles très loin d’avoir le charme des monts du Cantal. Nous sommes convaincus que la qualité de vie qu’on a ici correspond à ce que recherchent aujourd’hui beaucoup de familles.