Fanny et Stéphane, jouets en bois à Velzic
Fanny et Stéphane ont racheté l’ancienne menuiserie du village et fabriquent depuis 2010 une magnifique gamme de jouets en bois massif. Des jouets astucieux et inventifs, intemporels et garantis à vie, respectueux de l’environnement et des normes de sécurité. Ici, point de fabrication industrielle, tout est fait manuellement, par amour de l’artisanat et du bois, ce qui confère à chaque jouet quelque chose d’unique. Rencontre avec un couple pétillant d’énergie et de créativité.
Fanny, quel a été ton parcours jusqu'à cette vallée ?
Je suis née à Aurillac. Après le bac, je suis allée faire des études d’éducatrice spécialisée dans le Puy-de-Dôme, puis je suis revenue dans le Cantal, où j’ai notamment travaillé en pédopsychiatrie. Finalement, j’ai ressenti le besoin de travailler avec mes mains, et c’est là que j’ai rencontré Stéphane, qui venait de se reconvertir dans la menuiserie. Je suis donc partie en formation à l’AFPA de Decazeville pour apprendre à mon tour le métier de menuisier-ébéniste.
Peu après, nous avons eu la chance de trouver, ici à Velzic, ce bâtiment qui avait été jadis une grande menuiserie, avec une vingtaine d’ouvriers qui pour la plupart habitaient aux alentours. Quand l’entreprise a fermé, ça a causé un traumatisme bien compréhensible dans le village. Tout a été mis aux enchères, et de fil en aiguille, nous nous y sommes installés. Au début, quand les gens ont appris que vous voulions fabriquer des jouets en bois, ils ont été un peu sceptiques, mais douze ans plus tard, notre entreprise est toujours là, nous avons fait nos preuves !
Nous avons transformé les anciens bureaux en espace d’habitation, et entre cet espace et notre atelier, nous avons aménagé une petite salle destinée à accueillir du public, faire des fêtes, des concerts, etc. On souhaitait aussi que l’atelier soit ouvert au public, alors tous les étés, nous accueillons les enfants qui séjournent à Lascelle avec l’UCPA pour leur faire découvrir le travail du bois. Il y a aussi des personnes qui ont vu nos jouets dans les boutiques locales et qui ont envie de venir voir comment nous les fabriquons. Ils sont souvent surpris par tout le travail que ça représente !
Parle-nous de tes jouets !
Le choix de faire des jouets ne vient pas de nulle part, il vient directement de la passion de mon père pour les jouets anciens. Il collectionnait les Dinky Toys, les automates en tôle, et souvent le week-end il m’emmenait avec lui dans les bourses d’échanges, les brocantes, à la recherche de vieux jouets. Donc c’est une histoire de cœur et de famille !
Mais c’est aussi un ancrage dans l’histoire locale, notamment avec les établissements Dejou, à Arpajon-sur-Cère, qui furent jusqu’en 1980 la plus importante fabrique de jouets en bois en France avec 250 employés !
Tous nos jouets sont fabriqués à la main en bois massif. Ils sont garantis à vie : il suffit de nous envoyer le jouet abîmé, on le répare dans notre atelier et on le renvoie au client. Notre gamme est plutôt variée : puzzles, voitures, jouets à pousser, mobiles, monstres grimpeurs, yoyos, ou bien encore jouets articulés. Les robot Mano, Manolito et Miniman sont devenus emblématiques de notre marque, avec leur système d’articulations unique en son genre, dont nous avons déposé le modèle et les dessins à l’Institut National de la Protection Industrielle (INPI).
Entreprendre dans le Cantal, c'est comment ?
Nous avons choisi de rester dans le Cantal, parce que c’est important à nos yeux de faire vivre nos campagnes, et pour la qualité de vie bien sûr. Un grand atelier tel que le nôtre aurait d’ailleurs été beaucoup plus cher à proximité d’une grande ville, donc le choix du Cantal nous a aussi permis de nous installer à moindre coût.
Outre notre boutique en ligne, nous avons trois points de vente dans le Cantal : la Maison de Site à Mandailles, et la boutique d’artisans La Fabrik à Aurillac et à Salers. La Fabrik nous a permis de rencontrer beaucoup de gens qui avaient les mêmes motivations que nous, et rapidement, le collectif d’artisans est devenu une véritable bande de copains. Certains sont partis, d’autres sont arrivés, mais l’esprit très positif de coopération demeure.
D’ailleurs, notre atelier aussi, on l’envisage comme un lieu partagé, car il est très grand, et on peut donc accueillir des artisans qui ont besoin d’espace ou de certaines machines. Par exemple, c’est ici qu’a été fait le comptoir du café-jeux L’Engrenage à Aurillac.
Et le mot de la fin ?
Nous avons fait le choix d’une fabrication artisanale, car c’est ce qui fait sens pour nous. Par exemple, les robots Mano nécessitent de nombreuses opérations manuelles (30 perçages, 50 rainures, 200 arêtes à poncer pour chacun !), mais c’est ce qui les rend uniques, et d’ailleurs chaque Mano est numéroté. Notre production est donc limitée, néanmoins nous aimerions nous faire connaître un peu mieux au-delà des frontières cantaliennes. Avis à toutes les boutiques qui partagent nos convictions !