De Fontanges aux sources de l'Aspre
Fontanges offre un excellent point de départ : petit camping, auberge et épicerie attendent, entre autres, le randonneur. Plutôt pas mal pour un village de 200 habitants ! Le Fau, seule autre commune de la vallée, n’en compte pas plus de 30. Il y a donc moins d’habitants le long des 16 km de rivière que de voyageurs dans une rame de métro parisien, mais sans aucun doute, vous y ferez plus de rencontres !
Rejoindre le point de départ de la randonnée
En voiture
Une option simple et pratique consiste à se garer au niveau de l’église de Fontanges, près du pont sur l’Aspre et du petit camping municipal.
Par les transports en commun
La ligne régionale C02, qui assure la liaison par autocar entre Aurillac et Mauriac, possède un arrêt à Saint-Martin-Valmeroux. Seul un taxi pourra ensuite vous conduire à Fontanges (Freyssac Taxis Ambulances, 04.71.69.24.30). Vous pouvez même envisager de parcourir à pied les 8 kilomètres qui vous séparent de la vallée de l’Aspre en suivant le balisage vert et rouge du PR Tour du pays de Salers (4e étape du parcours « Sur la route du patrimoine architectural ») !
Itinéraire
Avant de partir à l’assaut du Bois Noir et du Roc d’Hozières, prenons le temps d’une promenade dans le village de Fontanges, au riche passé. Commençons la visite par le rocher Saint-Michel, au sommet duquel se dresse une majestueuse statue de l’Immaculée Conception. En 1901, les paroissiens entreprirent de creuser une chapelle dans le rocher (à coups d’explosifs !), en l’honneur de saint Michel et de la Vierge. Cette étonnante chapelle, dite « monolithe », est ouverte au public du printemps jusqu’à l’automne.
Au Moyen-Âge, un château s’appuyait contre ce rocher Saint-Michel, fief de la grande famille des Fontanges, qui a donné son nom au village. Parmi ses membres les plus illustres, citons la duchesse de Fontanges (1661-1681), dernière favorite du roi Louis XIV, ou bien François de Fontanges (1744-1806), aumonier de la reine Marie-Antoinette.
On rejoint le centre-bourg en longeant la rivière. L’église gothique, dédiée à saint Vincent, vaut le coup d’oeil. Ses dimensions montrent l’importance qu’eut jadis le village. À son entrée, une inscription lapidaire en langue romane indique que sa construction commença en 1468.
Après avoir traversé les espaces verts agréablement aménagés sur les berges de l’Aspre, on atteint le joli moulin d’Anna, légué à la commune par Amélie Dauzier, qui fut journaliste au service de la résistance sous le pseudonyme d’Anna.
En longeant le stade de football, les flots nous accompagnent jusqu’à la RD 35. Ce tronçon de route longe le parc du château de la Fromental sur 400 mètres, au bout desquels on bifurque pour traverser l’Aspre sur le petit pont de Quiquiou (suivre le balisage vert). De l’autre côté du pont se situe le moulin de la Fromental, dont les possibilités de visite sont à vérifier (contact et petite présentation disponibles sur le site de la Fédération des moulins de France).
Le sentier monte tranquillement mais sûrement dans la hêtraie en direction du puy Basset. Avant que les arbres n’occultent totalement le lointain, tourner le regard vers l’autre rive de l’Aspre pour admirer la fine cascade qui surgit de la falaise (non indiquée sur la carte IGN, il s’agit a priori de la cascade de Dante), si la saison n’est pas trop sèche.
Même si les montagnes se cachent derrière les arbres, il y a toujours quelque chose à voir, à toucher, à sentir, à entendre dans la forêt, mais aussi, bien des ruisseaux à enjamber !
Quelque 200 mètres d’altitude plus haut, en s’approchant du sommet, le sentier devient une ravissante allée, qui débouche sur une étroite route goudronnée. Nous arrivons sur les terres de l’association La Feina (nom occitan de la faîne, fruit du hêtre), qui anime en ce superbe lieu une diversité de projets agricoles, culturels, sociaux et touristiques.
Bon plan pour le randonneur de passage : La Feina dispose d’un camping. On peut rejoindre directement ce camping par un petit chemin qui vous sera indiqué à l’accueil.
Après La Feina, seule la route permet de rejoindre le col de Saint-Georges. Il faut donc se résoudre à marcher trois kilomètres sur le bitume. L’étroite bande d’asphalte, déserte à peu près tout le temps, monte progressivement jusqu’à 1000m d’altitude. Hélas, la brasserie artisanale indiquée par des panneaux de bois a fermé. De virage en virage, des vues époustouflantes se dégagent sur la skyline cantalienne.
Nous arrivons au col de Saint-Georges (952 m), seul point de passage routier entre les vallées de l’Aspre et de la Bertrande. Dans un premier temps, nous ne choisissons pas : une piste agricole chemine droit devant sur la douce et paisible crête qui sépare les deux vallées – et les deux routes. Des antennes téléphoniques d’abord, puis d’imposantes stabulations ensuite, rappellent l’impact des activités humaines sur l’environnement et les paysages.
Au hameau de La Roche, après avoir passé quelques maisons, un petite surprise nous attend au beau milieu du Cantal ! Des ruminants pas comme les autres trottinent en petits groupes derrière les clôtures. Il s’agit d’un élevage d’alpagas, sympathiques et peu farouches, réputés pour leur laine de grande qualité. Quelques mètres plus loin, un passage de barrière nous invite à marcher en direction de la fameuse Roche.
Depuis le sentier, on aperçoit une croix plantée sur cette montagne prosaïquement nommée La Roche. Malgré les vues imprenables sur la Bertrande, c’est bien vers les sources de l’Aspre que l’on se dirige ! Le chemin mène sur un petit plateau, depuis lequel il est possible, moyennant un rapide détour vers l’ouest, de marcher jusqu’à la croix de La Roche, en profitant de superbes panoramas sur les montagnes.
On aperçoit nettement la vaste forêt du Bois Noir que nous traverserons bientôt pour parvenir aux sources de l’Aspre. De retour de la croix de La Roche, une belle piste forestière s’enfonce dans les bois de la montagne de Sartre pour descendre dans la vallée du Rauffet, affluent de l’Aspre, jusqu’au hameau de La Bastide.
À hauteur de La Peyre del Cros, des troncs fossilisés sont mentionnés par divers documents, entre les deux cascades marquées sur la carte IGN, mais il semble que l’accès ne puisse s’y faire qu’en remontant le cours de la rivière depuis La Bastide. Un petit sentier de traverse, balisé de blanc, longe le Rauffet pour rejoindre la Peyre del Cros, sans toutefois permettre de descendre au fond des gorges creusées par le ruisseau. Investigations en cours !
Juste avant d’arriver au village, le tout petit camping (privé) du Lissart de Miège accueille le randonneur à la belle saison. Et quelques mètres plus bas, c’est la fromagerie de Jacques qui assure le ravitaillement ! Si vous trouvez porte close, vous pourrez acheter ces succulents fromages de chèvre directement à la ferme de la Jourdanie, quelques centaines de mètres plus loin.
Envie d’un authentique pain bio au levain avec votre fromage ? Rendez-vous, entre les deux ponts, au fournil du Pain du Bois Noir ! Attention tout de même aux jours et heures d’ouverture : la boulangerie ouvrait les mardis et jeudis de 17h à 19h lorsque ce texte a été écrit (printemps 2023). Aux mêmes horaires, vous pourrez même, juste en face, boire un coup au Vroom Café, le café itinérant de Coline. L’été, il est même possible de s’installer sur des chaises longues, posées directement dans le lit de la rivière, pour une pause rafraîchissante : qui dit mieux ?
Aux abords de la fromagerie, un panneau indique la direction de la « fontaine minérale ». Prenez le temps de parcourir les 100 mètres qui mènent à ce petit lieu, qui vous fera traverser l’Aspre sur une petite passerelle et vous conduira à la source d’eau minérale de Crochepeyre. La commune du Fau affiche des informations très intéressantes sur l’histoire de cette source, qui fut même, en d’autres temps, exploitée commercialement. Les teneurs en minéraux sont également indiquées avec précision. Soyez patient pour remplir votre gourde : le débit est de 0,2 litre par minute ! Quant au goût, il est… très minéral !
Il est temps maintenant de s’élancer à l’assaut du Bois Noir ! Il suffit pour cela de suivre le balisage rouge et blanc du GR 400. Peu avant de pénétrer dans le Bois Noir, ne ratez pas le petit chemin qui part vers la gauche en direction de la superbe cascade de la Pissa del Coin, véritable star locale, à juste titre. De retour sur le GR 400, vous pénétrez dans le Bois Noir pour une longue montée de presque 3 kilomètres, dont une bonne partie se déroule sur une large piste.
À l’orée du Bois Noir, le randonneur peut s’étonner des nombreux panneaux qui l’avertissent : propriété privée, chasse gardée, et peut-être le plus surprenant : « Forêt sous vidéo-surveillance » ! Rassurez-vous : vous êtes bien sur le GR 400, arrivé en deuxième position du concours « Mon GR préféré », organisé par la Fédération Française de Randonnée en 2019. Sans vouloir rentrer dans le débat entre pro et anti-chasse, cette invitation des chasseurs à ne pas perturber la faune ne manque tout de même pas de piquant…
La rivière n’est jamais loin, et à intervalles réguliers, on peut rejoindre ses berges, ou apercevoir l’une de ses cascades. Les gorges de l’Aspre sont un haut lieu du canyoning et de la randonnée aquatique dans le Cantal : avis aux amateurs !
Le beau cirque de Chavaspre se dévoile à la sortie du Bois Noir, du Roc des Ombres à la Roche Taillade en passant par le Roc d’Hozières. Les ruines du buron de Chavaspre, cent mètres plus haut, offrent un excellent point de vue pour contempler, tout à la fois, les sommets sur lesquels l’Aspre prend sa source côté est, et l’auge glaciaire de la vallée qui en découle côté ouest.
Et voilà : vous y êtes ! Pour continuer l’aventure, il suffit de poursuivre sur le GR 400 jusqu’au Roc d’Hozières (voir étape suivante), sinon… demi-tour !