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De Molompize à Ferrières-St-Mary

Cette étape, comme la suivante, invite à prendre de la hauteur pour éviter les impasses que forment ici les gorges de l’Alagnon. Le dénivelé n’est pas négligeable, et encore moins si l’on s’offre le (superbe) détour jusqu’au Mont Journal. Nous marchons ici dans les pas de saint Mary le confesseur, premier évangélisateur de Haute-Auvergne, envoyé ici en l’an 250 par saint Austremoine, premier évêque de Clermont. Saint Mary a donné son nom au puy Mary, et donc à ce site, nous lui devons donc bien cet hommage !

Carte itinéraire Molompize-Ferrières-Saint-Mary

Itinéraire

En traversant le pont sur l’Alagnon pour rejoindre la rive droite, nous quittons aussi le béal. Un dernier mécanisme de moulin se révèle, puis nous dépassons l’ancienne gare de Molompize, fermée depuis plusieurs décennies. Il fut donc un temps où le train, six kilomètres après Massiac, s’arrêtait aussi ici…

Nous retrouvons ici la Via Arverna et son balisage bleu et or, qui va nous guider jusqu’au plateau, 350 mètres plus haut. Le chemin surplombe la voie de chemin de fer, qui elle-même surplombe l’Alagnon. Nous cheminons sur une large piste, d’ailleurs autorisée aux véhicules (tout terrain !) des ayants droit, et prenons doucement de la hauteur. Au contraire des forêts de hêtres ou de sapins qui nous attendent plus loin, c’est ici parmi les chênes blancs que nous progressons.

Les flots de l’Alagnon, battant le mur de soutènement de la ligne SNCF, évoquent le souvenir de ce jour de novembre 1994 où la voie s’effondra au passage du train, cinq kilomètres plus loin, entre Ferrières-Saint-Mary et Molompize. Tous les détails de cet accident et des travaux qui s’en suivirent sont racontés dans une vidéo documentaire très complète intitulée Quand la voie tombe à l’eau.

La chute de l'autorail au PK 372 entre Ferrières-Saint-Mary et Molompize en 1994
La chute de l'autorail au PK 372 entre Ferrières-Saint-Mary et Molompize en 1994 (© Archives Départementales du Cantal)

Entre les largeurs généreuses de la piste et la hauteur modeste des arbres, les ardeurs du soleil ne nous sont jamais vraiment épargnées durant cette ascension. Les frondaisons, malgré tout, occultent presque tout le temps les vues sur la vallée. La régularité du chemin nous fait aisément oublier le dénivelé, et soudain, après une dernière ligne droite baignée de lumière, tout s’aplatit : l’immensité du plateau se révèle à nous ! Bien que rares, les balises de la Via Arverna sont toujours là pour nous guider jusqu’au hameau de Chalagnac.

En ce lieu discret du Cantal, ignoré par le flot automobile de la RN 122, les villages de Chalagnac et surtout Chazeloux en imposent par leur taille. Quant à la piste agricole, toujours aussi confortable et accueillante, elle nous dépose sans difficulté en bordure de Chalagnac pour virer soudain à 90°. Avant de poursuivre le périple, les plus curieux prendront le temps de s’aventurer dans le bourg : ils y trouveront, notamment, l’atelier d’une céramiste, ouvert au public toute l’année (passer tout de même un coup de fil pour vérifier) : Planète Céramique.

C’est ici tout le contraire de la vallée : des prairies jusqu’à l’horizon, battues par les vents. Notre Alagnon semble bien loin, il n’est pourtant qu’à un kilomètre à vol d’oiseau. Pour le moment, profitons de ces chemins hospitaliers, parmi les pâturages où, en ce début de printemps, les vaches sont déjà de sortie.

En rejoignant finalement le bitume de la petite route de Lachaud, nous trouvons face à nous la fontaine Saint-Austremoine, construction mérovingienne du VIe siècle. Elle porte le nom du premier évêque d’Auvergne, qui se désaltéra ici même, tandis qu’il se rendait aux obsèques de saint Mary en l’an 289. Ce bel endroit, fort de son histoire, mérite une petite pause. À partir d’ici, et jusqu’à Ferrières-Saint-Mary, le souvenir de saint Mary sera partout.

Il faut maintenant marcher au bord de la petite route et traverser le bourg de Lachaud jusqu’à une intersection. La Via Arverna (et l’itinéraire affiché sur ce site) continue tout droit en direction de Saint-Mary-le-Cros, mais prenant la route à gauche, il est possible de rejoindre le PR du Mont Journal. L’itinéraire de Compostelle emprunte tout simplement la route goudronnée qui mène à l’église de Saint-Mary-le-Cros. Ce gros kilomètre d’asphalte n’a pas grand intérêt, avouons-le, sauf peut-être ce point de vue qui se dégage soudain, dans un virage, sur la vallée de l’Alagnon.

Détour par le Mont Journal (1180 m)

C’est sur ce plateau volcanique, aux allures de bout du monde, que vécut Mary le confesseur 18 siècles avant nous ! La légende de ce saint, qui évangélisa le Cantal au IIIe siècle, est partout présente ici, et bien sûr, jusqu’au puy Mary qui porte son nom. Plutôt que de descendre au plus court jusqu’à l’église de Saint-Mary-le-Cros (1,3 km), les courageux opteront pour un – gros – détour (6,4 km) passant par la chaire de Saint-Mary et par la statue du saint trônant au sommet grandiose du Mont Journal (1180 m).

À la sortie de Lachaud, il faut donc prendre à gauche la petite route qui monte puis qui redescend en direction de Labro. 750 mètres plus loin, juste avant l’intersection, nous trouvons une piste qui monte sur la gauche, équipée des fléchages et du balisage vert du PR Mont journal. Aucune chance, toutefois, de se perdre sur cette piste qui avance tout droit, et prend tout son temps pour gagner quelques mètres d’altitude. Vents et lumières nous portent jusqu’à la chaire de Saint-Mary, où dit-on, quiconque s’assoit verra ses maux de dos guéris miraculeusement !

La piste redevient goudronnée, mais nous la quittons rapidement pour prendre à droite le petit chemin qui nous mène sans effort jusqu’au sommet du Mont Journal. On pouvait s’en douter, mais la vue est exceptionnelle. Hissé à 1180 mètres d’altitude seulement, on se croirait sur le toit du monde ! On trouve ici une immense croix, une table d’orientation tournée vers les monts du Cantal, et une statue grandeur d’homme de saint Mary en pèlerin, réalisée et offerte par le sculpteur Pierre Boudet, habitant de Ferrières-Saint-Mary.

Ne pas faire demi-tour, mais poursuivre avec le balisage vert, qui nous conduit à travers le versant ouest du Mont Journal, dans une atmosphère mi-champêtre, mi-montagnarde. Nous rejoignons ainsi la petite route qui descend à Labro, quelque peu perdue dans l’immensité de ce paysage. C’est ici que nous abandonnons le PR, qui tourne à gauche vers le Ventoux. De retour à l’intersection avec la route qui mène à Lachaud, nous trouvons un chemin quelques mètres plus bas, qui descend directement, à travers la forêt, jusqu’à Saint-Mary-le-Cros.

L’église de Saint-Mary-le-Cros est l’une des plus anciennes d’Auvergne. Elle est construite à l’emplacement de la grotte où vécut saint Mary le confesseur (« le cros » signifie « le creux » pour désigner la grotte). À la mort du saint au IIIe siècle, on construisit d’abord un mausolée, puis une petite église au IXe siècle. Si le choeur date bien de cette époque, les autres parties sont certes plus récentes (XVe et XIXe siècle). La mésaventure des reliques de saint Mary sont relatées dans l’étape suivante (de Ferrières-Saint-Mary à Neussargues).

L’église étant fermée, il faut s’adresser à l’office de tourisme Hautes Terres Destination pour en visiter l’intérieur. On peut, du moins, profiter des tables de pique-nique, avant de repartir vers notre prochain objectif : le village de Ferrières-Saint-Mary. Pour cela, balisage vers du PR Mont Journal et coquilles de la Via Arverna nous guident à travers la très belle hêtraie qui recouvre les pentes des gorges de l’Alagnon.

350 mètres d’altitude plus bas, nous passons sous la voie ferrée, et retrouvons enfin la rivière. L’avions-nous vraiment quittée, en arpentant le plateau que ses eaux vives ont entaillé pour former la vallée ? En affrontant les centaines de mètres de dénivelé qu’elle a elle-même formés durant des millions d’années ? C’est en tout cas un plaisir de retrouver ses berges… et un sentier parfaitement plat ! L’arrivée à Ferrières-Saint-Mary se fait par un agréable chemin, parallèle à la RN 122.

En arrivant au village, poussons la porte de l’église pour trouver les derniers souvenirs de saint Mary…

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Gorges de l'Alagnon