De Neussargues à Murat
Bravo à Hautes Terres Communauté, qui développe depuis 2023 un projet de liaison cyclable Massiac-Le Lioran. Sur cette partie de l’Alagnon, notre itinéraire coïncide partiellement avec le tracé de ce futur parcours cyclable. Il faut dire que les alternatives sont à peu près inexistantes, en ce fond de vallée fortement structuré par sa route nationale. Quelques tronçons rectilignes, parfois un peu monotones tout en restant champêtres, donnent effectivement l’envie de monter sur son vélo pour aller plus vite !

Traversée de la RN 122
Cet itinéraire traverse la RN 122 au hameau de La Choulou. En l’absence de signalétique et de passage piéton, la traversée se fait à vue, et exige une extrême prudence.
Pour éviter ce passage sur la route nationale, il est possible de suivre le balisage de la Via Arverna, variante auvergnate du chemin de Compostelle, jusqu’à Murat. Le détour est important (24 km au lieu de 11 km) et s’écarte à plusieurs kilomètres de l’Alagnon.
Au départ de la gare de Neussargues, l’alternative la plus directe consiste à rejoindre La Choulou via la D34 puis la D40, en 3 kilomètres et demi de marche au bord de la route.

Itinéraire
Durant des siècles, Neussargues ne fut qu’un simple hameau du village de Moissac. Mais avec la construction de la route nationale et de la ligne de chemin de fer, le rapport de forces s’inversa et la commune de Neussargues-Moissac naquit en 1872. Entre 2016 et 2024, une éphémère commune nouvelle, fusionnant plusieurs villages alentours, fut même créée sous le nom de Neussargues-en-Pinatelle. Mais ces péripéties administratives n’ont jamais rien changé aux mœurs locales : ici, tout le monde dit Neussargues !


Jadis nœud ferroviaire important, à la jonction de trois lignes de chemin de fer, la gare de Neussargues semble aujourd’hui démesurée pour une commune de 830 habitants. Du reste, l’itinéraire décrit ici contourne assez largement le coeur du village, longeant sa bordure du côté est par la rue de l’église.




Nous longeons lavoir et fontaine et atteignons bientôt la place Olivier Messiaen (1908-1992) et Claire Delbos (1906-1959). En effet, le célèbre compositeur avait épousé en premières noces la violoniste Claire Delbos, dont la famille possédait le château Benoît. Le couple y séjournait de temps et temps, et c’est ici que furent notamment composés les quatre méditations symphoniques de L’Ascension.



Encore 150 mètres et nous rejoignons la RN 122 en son carrefour avec les routes départementales D679 et la D23. Ce nœud routier a été aménagé pour inviter les conducteurs à faire une pause à Neussargues : restaurant, boutique de fromages, aire pour camping-cars, espace de pique-nique… Et le plus étonnant : un belvédère dont l’architecture singulière a été avant tout pensée pour intriguer les automobilistes ! Dans ce projet, la vue n’est en réalité que secondaire, et s’avère effectivement quelconque. Ce belvédère métaphysique nous offre donc de méditer sur notre quête de sensationnel…




Encore un bon point pour Neussargues : un tunnel permet de passer, en toute sérénité, de l’autre côté de la RN. Nous pouvons ainsi emprunter la D23, avec le cimetière sur la droite, la Cave de Marcel sur la gauche, et face à nous, les orgues basaltiques monumentales du rocher de Laval, qui nous dominent de plus de 200 mètres. Objectif : rejoindre le tracé du sentier des Vieilles Pierres.




En moins d’un kilomètre, nous trouvons sur notre gauche le fléchage dudit sentier, qui en cet endroit se présente plutôt comme une piste, d’abord même goudronnée. Avec une petite impression de faire demi-tour vers le village, nous rejoignons l’ancienne ligne de chemin de fer Neussargues-Bort-les-Orgues, devenue aujourd’hui le vélorail du Cézalier. La piste, toujours aussi confortable, bifurque finalement plein ouest, laissant les rails derrière nous.




Un panneau indique les grottes de Cuzers, que l’on rejoint en enjambant un passage de clôture (et non pas en bifurquant sur la petite sente 20 mètres plus loin sur la droite). Et en effet, en deux ou trois minutes, nous trouvons une coulée basaltique tout à fait typique, percée de cavités qui servirent d’abris aux chasseurs de rennes du paléolithique.


De retour de cette visite préhistorique, nous changeons d’époque avec ce beau chemin médiéval, bordé de murets immémoriaux. C’est une bien belle balade dans une bien belle forêt à laquelle nous sommes invités, durant un kilomètre et demi à peu près plat. Profitons en, et marchons lentement, entourés de ces vieilles pierres moussues. Attention cependant à ne pas rater, sur la gauche, le fléchage indiquant un sentier qui descend à gauche vers la cascade de Cheylat !




Nous descendons tranquillement vers le ruisseau du Cheylat, que nous traversons sur une petite passerelle, en bordure d’un adorable espace de pique-nique, d’où nous pouvons deviner la cascade à travers les arbres dénudés de l’hiver. Pour admirer cette cascade de plus près, il suffit de remonter jusqu’à la clairière où elle s’épanouit.




Changement radical d’ambiance : nous rejoignons le parking de la cascade et arpentons le ruban austère de la D40. Dans le dernier virage en épingle, une rue appelée Suc des Fourches part sur la droite pour nous conduire en bordure de la RN 122.
Et c’est là, face à la maison du garde-barrière, que nous ouvrons grand les yeux et grand les oreilles pour traverser la route nationale sans lambiner. Certains PR et même la Via Arverna imposent aussi de telles traversées, il est courant de voir des locaux s’y adonner, mais l’expérience peut tout de même s’avérer stressante. Des alternatives – peu satisfaisantes – sont tout de même proposées en haut de page.




Ouf, nous voici au pont de la Choulou, accueillis par les flots de l’Alagnon ! Nous empruntons la petite route qui monte en direction de Longesagne, et ménage de très belles vues sur l’horizon barré de montagne cantalienne. Peu avant d’arriver en haut de la côte, on trouve sur la droite la future piste cyclable, dont le ruban de graviers noirs (puis de bitume) trace une ligne aussi droite qu’horizontale en direction du hameau de Gaspard.




La piste évolue pragmatiquement entre les clôtures agricoles, avec les maisons de Gaspard en ligne de mire, qui semblent se rapprocher moins vite qu’on ne presse le pas ! Finalement, nous voici enfin accueillis par un panneau d’entrée, de fabrication artisanale, dans la rue du vieux four. Ledit vieux four a fait l’objet d’une restauration dans le cadre du Programme de réhabilitation du petit patrimoine, porté par la communauté de communes de Murat.




Quelques mètres plus bas, nous trouvons le moulin de Gaspard : guinguette, café, cantine, recyclerie, friperie, potager partagé, mini-camping, entre autres. En quelques années, ce lieu débordant d’idées et de créativité s’est imposé, selon les mots du journal La Montagne, comme une place forte de la culture dans le Cantal. Autant dire qu’il serait dommage de passer dans le coin sans s’y arrêter, voire y camper !




Il n’y a pas que le moulin qui soit accueillant : ses abords sont également très agréables, baignés par les eaux vives de l’Alagnon. Sur la rive d’en face, de l’autre côté du pont, une aire de pique-nique, puis, un plus loin sur la route, un nouveau tronçon de la liaison cyclable démarre à notre gauche. Ce nouveau ruban de terre et de gravier (nommé chemin de Billisse) nous conduit, sans encombre et sans surprise, jusqu’au village de La Chapelle d’Alagnon.




Il faut faire le crochet jusqu’au très beau pont de pierre qui enjambe l’Alagnon, au pied de l’église Saint-Laurent, avec les monts du Cantal en toile de fond. Et dire qu’ici, les habitants profitent chaque jour d’un lieu si charmant ! Mais il est temps de repartir, et en l’occurrence, d’emprunter la route en direction de Murat. Par temps clair, ces deux kilomètres d’asphalte démarrent plutôt bien, grâce aux vues qui s’ouvrent sur le vaste paysage, gardé par une église de Bredons hissée sur son piédestal.




Le hameau de Laborie est vite atteint. On y trouve, d’abord à droite, près d’une fontaine, la chapelle Notre-Dame-de-Chez-Nous, puis quelques mètres plus loin, sur la gauche, un petit coin avec table et bancs, en bordure de la rivière, traversée par une passerelle pour pêcheurs. Après Laborie, nous entrons officiellement dans la commune de Murat. Ce dernier gros kilomètre de route n’a guère d’intérêt, si ce n’est de nous mener jusqu’à cette avenante cité médiévale.