De Dienne au col de Cabre
À la sortie de Dienne, une petite incursion sur les pentes du rocher de Laqueuille procure des vues dominantes sur la haute vallée de la Santoire, encore très large. Dès lors, l’itinéraire longe pragmatiquement la rivière en direction des montagnes qui se découpent à l’horizon. Au total, les 11 kilomètres de ce dernier tronçon cumulent 650 mètres de dénivelé positif. Le gîte-auberge de la Boudio, ultime habitation de la vallée, offre une belle solution pour gravir le volcan sur une moindre distance. Une superbe ambiance de montagne vous attend durant l’ascension du col, vous ne regretterez certes pas vos efforts !
Dienne a été fondée à l’époque gallo-romaine, et d’ailleurs, son église actuelle fut construite au XIIe siècle sur les fondations d’une villa gallo-romaine. En face du village, sur le rocher de Laqueuille, avec son relief et sa croix bien caractéristiques, se trouvait un temple (en bois) dédié à Diane. La déesse de la chasse et de la lune aurait donné son nom au village, dont les habitants sont toujours appelés « dianaïres » en patois.
Avec à peine 250 habitants, Dienne garde localement une certaine notoriété, et accueille l’une des cinq maisons de site du Puy Mary Grand Site de France (ouverte uniquement durant les vacances d’été).
En face de la maison de site, suivre la flèche indiquant « atterrissage » ! De nombreux parapentes, en effet, s’élancent des montagnes alentours et viennent se poser ici. Nous marchons sur une étroite route, qui montent doucement vers le hameau de Laqueuille Basse et nous réserve de bien jolis panoramas sur le rocher de Laqueuille et le village de Dienne.
Quelques lacets assez raides conduisent ensuite à Laqueuille Haute. Longer la grande et belle « maison de Marguerite » (Gîte de France) et poursuivre sur la petite route goudronnée qui redescend légèrement. Quelque 150 mètres plus loin, un chemin agricole s’en va du côté droit en direction des bois. Nous sommes ici sur le tracé du PR « Limon et rocher de Laqueuille », que nous parcourons à rebours de son sens « officiel », ce qui explique les fléchages en direction des lieux d’où nous venons !
Cette portion de l’itinéraire nous invite, de parcelle en parcelle, sur les terres privées d’un agriculteur, qui a gentiment accepté le passage des randonneurs. D’abord un chemin creux, labouré par le passage des vaches, traversé par l’eau des torrents, se faufile dans la forêt. Si vous doutez qu’il s’agit bien là du sentier officiel… c’est que vous êtes sur le bon chemin !
Le chemin creux aboutit à une barrière, qui s’ouvre sur une magnifique clairière avec, en son milieu, une grange endormie. Il s’agit de la grange de Pailhès et, contrairement à ce qui apparaît sur la carte IGN, l’itinéraire passe au-dessus de la grange, et non au-dessous. Après le mur nord de la grange, vous apercevrez un portillon, qu’il faut franchir pour poursuivre l’aventure.
Ensuite, le sentier se fait plus tranquillement forestier, puis s’éclaircit après avoir dépassé une deuxième grange. Nous foulons allègrement les herbes hautes du printemps, et enjambons le ruisseau d’Outre sur une passerelle de bois, près d’une troisième grange, pour trouver enfin le Pré Grand.
Lors du repérage de ce tronçon au mois de juin, un beau cadeau fleurissait au bord du chemin menant à la Santoire : la centaurée des montagnes, cette fleur dont le nom chante à l’unisson de la rivière ! Nul doute, à observer la frénésie des abeilles, que la Centaurea montana est assurément une plante mellifère !
C’est une joie que de retrouver les flots de la rivière et de franchir son pont baigné de soleil. D’un côté comme de l’autre, les vues sont admirables. À cet endroit, le ruisseau de Drils rejoint la Santoire. La piste longe ce ruisseau, soigneusement canalisé et, dans un virage, offre une alternative aux randonneurs. Sur la gauche, les plus pressés (et les plus fatigués !) emprunteront un raccourci tout à fait logique menant directement au centre-bourg de Drils.
Les plus contemplatifs préféreront l’option présentée ici, qui ne quitte pas les rives du ruisseau. C’est un chemin large, plat, ombragé, rafraîchi par les flots, qui se révèle très agréable et débouche, juste avant la RD 680, sur trois tables de pique-nique avec vue sur le rocher de Laqueuille. Cela vaut bien la sensation d’avoir fait demi-tour pendant cinq minutes !
Après avoir traversé la départementale, nous empruntons la petite route goudronnée qui monte au très joli hameau de Drils. Les nombreux éléments architecturaux du village ont de quoi régaler les amateurs de patrimoine rural.
Un petit crochet s’impose en direction du moulin hydraulique de Drils, qui date de 1645. Entièrement restauré par le professeur d’ébénisterie Bernard Rougerie et ses élèves du LEP de Murat dans les années 2000, il est entièrement fonctionnel et peut se visiter en contactant l’office de tourisme de Murat. Outre la découverte de son mécanisme, le moulin mérite aussi la visite pour son magnifique environnement naturel.
De retour au centre du hameau, emprunter le bien nommé « chemin des Champs », agréable piste agricole qui surplombe la route avec vue, entre autres, sur le Puy Mary. Lors du repérage de cet itinéraire au printemps 2023, les jonquilles emblématiques de ce petit coin du Cantal étaient superbement au rendez-vous.
Le chemin des Champs rejoint la RD 680 au niveau de son embranchement vers La Buge. Un fléchage en direction de La Gravière et un balisage vert nous le confirment : il n’y a pas d’autre choix que de marcher le long de la route départementale durant plus de 400 mètres, ce qui n’a certes rien de plaisant. Après avoir tourné à gauche sur la RD 23, malgré la persistance du bitume, l’atmosphère se fait plus douce.
Lire un extrait
Sélection de poèmes parmi les deux recueils des Poèmes Arvernes : La légende des monts et des hommes, Fresques et médaillons.
Au lieu-dit La Chapelle, l’église Notre-Dame-de-la-Visitation impressionne par sa majestuosité au cœur de ce petit village d’une centaine d’âmes. C’est dans le cimetière situé derrière l’église qu’est enterré le poète Camille Gandilhon Gens d’Armes, dont la maison d’enfance se situe à La Buge.
Quelques mètres plus loin, une sympathique option de ravitaillement s’offre au randonneur, à la boutique du GAEC Gandilhon (fromage, charcuterie, boissons).
Détour par Alta Terra et la cascade des Couchards
À l’intersection où se trouve la boutique, un fléchage indique la direction d’une cascade et d’un sentier balisé de vert nommé « La Gandilhon ». Une invitation au détour…
La petite route pastorale rejoint la RD 680 au niveau de la maison Alta Terra : café avec terrasse, table d’hôtes, chambres d’hôtes, location de vélos ou de raquettes. On peut y faire une pause, et même y attendre le bus qui assure, en période estivale, la navette entre le col de Serre et le Lioran (les lignes du volcan, ligne 5).
En quelques lacets, nous prenons un peu de hauteur et parvenons au court sentier aménagé à destination de la cascade des Couchards. Noter les petites illustrations peintes sur le bois des garde-corps. L’expression « couchard » est un diminutif de « couche-tard » !
En poursuivant la route en direction de La Gravière, nous croisons le cours de l’Impradine, rivière du Puy Mary dont la petite vallée glaciaire naît sous la brèche de Roland. Nous la traversons sur un pont, puis longeons sa rive droite jusqu’à sa confluence avec la Santoire, visible depuis une passerelle en bois aménagée au niveau du parking de La Gravière. Un point d’eau et des tables de pique-nique sont également disponibles.
Il ne reste plus qu’à rejoindre le hameau de Courbatière pour trouver un sentier ombragé qui redescend en pente douce jusqu’au gîte-auberge La Boudio. Au niveau de La Boudio, un panneau de bois indique la direction du col de Cabre avec un balisage vert : allons-y ! Le paisible chemin ombragé offre des vues champêtres sur le puy de Seycheuse avec la croix à son sommet (1647 m), tout en ménageant quelque suspense sur les montagnes qui nous attendent.
Au niveau d’une bifurcation, ignorer la piste à gauche, qui mène aux ruines d’une grange que nous apercevrons bientôt depuis l’autre rive. Après quelques mètres bétonnés, c’est un chemin creux (et possiblement humide) qui longe les pâturages de l’Estivadouno. Puis, la vue se dégage amplement et nous découvrons le joli buron du col de Cabre. Appelé aussi « buron de Loulou » (sur place, vous comprendrez pourquoi), ce serait le plus ancien buron daté du Cantal.
Une table et des bancs de pierre permettent de pique-niquer au soleil, avec vue sur la grange en ruine mentionnée précédemment. Derrière le buron, après avoir franchi le torrent en provenance des cascades qui dévalent de tous côtés, c’est la Santoire que l’on traverse pour la dernière fois. Dès lors, nous voici réellement « dans le sauvage ».
Les sources de la Santoire s’égarent progressivement, tandis que le sentier se faufile droit vers le col. Derrière nous se dessine la forme parfaite d’une vallée glaciaire, et devant nous, dans son arrondi tout aussi parfait, le col de Cabre s’apprête à nous dévoiler le paysage monumental sculpté par la Jordanne.