De Ségur-les-Villas à Dienne
Belle vallée de la Santoire ! Malgré la proximité de la RD 3 tout au long de ce tronçon, c’est une féerie de paysages qui se révèle aux heureux marcheurs. L’itinéraire propose de s’écarter un peu des berges de la Santoire pour traverser le magnifique plateau du Jolan, avec son lac, ses tourbières et ses superbes horizons. Cette incursion dans les grands espaces du Cézallier possède néanmoins une très jolie alternative champêtre, au plus près des méandres de la Santoire. À vous de voir !
Le paisible village de Ségur-les-Villas se révèle plein de ressources pour le randonneur : une belle épicerie, une aire de camping gratuite, et deux sentiers balisés pour rejoindre le Monteil par la rive gauche ou par la rive droite. Qui a fait l’expérience du bivouac sur le chemin de Compostelle connaît la gratitude du pèlerin pour ces villages qui ouvrent leur stade et leurs sanitaires aux marcheurs de passage. Voici l’occasion de vivre cette touchante hospitalité, avec vue imprenable sur la vallée et le clocher de l’église Saint-Martial.
Après avoir passé le pont de Ségur, un chemin forestier s’élève en direction du lieu-dit de La Gazelle, 3 kilomètres plus loin. Le sentier, agréablement ombragé, nous guide jusqu’au charmant moulin de la Gazelle. Restauré entre 1995 et 2000 par Christian Delpirou, visitable en de rares occasions (à vérifier auprès de l’office de tourisme), il est alimenté par le ruisseau de la Gazelle, en provenance du lac de Jolan.
Au-dessus du moulin, un bassin habité par les grenouilles assure la réserve en eau du moulin, et des bancs invitent à la pause avant de faire cap sur la chapelle Notre-Dame-de-Valentine. Le chemin grimpe en lacets successifs et la vue se dégage progressivement vers les fascinants plateaux du Cézallier.
La chapelle Notre-Dame-de-Valentine apparaît enfin, surplombant la vallée, défiant le précipice. Lieu de pèlerinage marial depuis le Moyen Âge, l’église a été reconstruite au XIXe siècle. Elle abritait une statue de la Vierge à l’enfant en noyer sculpté, désormais conservée en l’église de Ségur-les-Villas. En 1998, l’abbé Rozé, curé de Dienne, a réuni plusieurs artistes pour réaliser d’élégantes fresques byzantines qui ornent aujourd’hui les murs de la chapelle.
À l’extérieur, la vue dominante depuis le piton rocheux permet d’embrasser presque entièrement le cours de la Santoire, depuis le col de Cabre jusqu’à Condat. Celles et ceux qui suivent ce topoguide profiteront ici d’une perspective unique sur le chemin accompli… et à accomplir !
Quelques pas plus loin, au bout de la petite route goudronnée qui permet d’atteindre la chapelle en voiture, un bel espace herbeux, muni d’un banc, offre un point de vue spectaculaire sur le site de la chapelle, ainsi qu’une possibilité de bivouaquer dans une ambiance spirituelle.
Quant au sentier, il continue avec un balisage jaune, soigneusement fléché sous le nom « Au tour du lac de Jolan ». Nous pénétrons alors dans la forêt, et perdons de vue la Santoire.
Un virage, puis un autre, et encore un autre… Le chemin nous conduit en pente douce jusqu’à une petite route, d’où l’on découvre un paysage tout à fait nouveau : le Cézallier, avec ses allures de steppes, ses lumières sans cesse réinventées, ses vents merveilleusement purs. Et déjà, parmi les tourbières, le lac de Jolan scintille devant nous.
En route vers le lac, il est possible d’apercevoir des vaches ferrandaises, race auvergnate qui doit son nom à la ville de Clermont-Ferrand, et qui a failli disparaître. Heureusement, des agriculteurs se sont mobilisés et ont multiplié les efforts pour sauver ces vaches à la robe mouchetée caractéristique. Ici, il s’agit du troupeau de Cindy Ladevie, qui élève les ferrandaises du Jolan.
Nous quittons bientôt la petite route pour un chemin de terre qui descend jusqu’aux tourbières du Jolan, habitées par les oiseaux et les grenouilles. Il est possible d’en faire le tour (5 kilomètres environ). Mais pour rejoindre au plus vite la Santoire, nous empruntons directement la partie sud de ce tour du lac, en direction du village du Jolan.
La traversée du Jolan se fait rapidement, et la route se transforme en une piste agricole, large et moelleuse, qui descend ni trop vite ni trop lentement vers le hameau de La Rochevieille, avec sa brèche volcanique bien reconnaissable. Encore 300 mètres, et c’est la RD 3 que nous foulons – prudemment.
Où ne faire qu'un avec la vie.
Peintures de Claude Legrand
Deux solutions se présentent alors au pèlerin de la Santoire pour rejoindre Le Monteil :
Première solution : traverser la Santoire à gué (comme le suggère la carte IGN)
Avantages : vous n’avez qu’à traverser la route pour trouver le chemin qui descend à la rivière, et c’est comme un baptême symbolique !
Inconvénients : c’est un chemin de tracteur possiblement boueux, et il faudra retirer les chaussures, sécher les pieds, etc.
Deuxième solution : faire le tour par la route, en traversant le lieu-dit de La Carrière (vous comprendrez pourquoi)
Ce choix n’a certes rien de bucolique, mais il a tout de pragmatique !
Alternative de Ségur-les-Villas au Monteil par les rives de la Santoire
Depuis le village de Ségur-les-Villas, un itinéraire PR balisé de vert permet de rejoindre directement le Monteil, en cheminant le long de la vallée dans une belle ambiance pastorale. Cette alternative offre un raccourci de 4,5 kilomètres et 90 mètres de dénivelé positif contre 10 kilomètres et 240 mètres de dénivelé positif pour l’itinéraire du Jolan.
Depuis le village, il faut partir dans la direction opposée à l’itinéraire de la chapelle Valentine et suivre la direction « Vial et La Revel ». Il faut d’abord franchir la RD 3, route de Murat à Riom-ès-Montagnes, qui n’est certes pas exempte de circulation, mais tout est relatif ! L’on emprunte ensuite un chemin qui monte à droite de la route, jusqu’au hameau.
Nous ne poursuivons pas l’ascension en direction du Frau de Vial et de son sentier de découverte : nous redescendons tout de suite vers la ferme de La Revel, que nous dépassons pour rejoindre une étroite route en contrebas. Cent mètres plus loin, après le petit pont qui franchit le ruisseau de la Bacon, nous trouvons sur la gauche une belle piste qui part plein sud.
Désormais, c’est tout droit, tout plat, et tout vert ! Sur notre gauche, la rivière, puis la route, et enfin le Cézallier au loin. Sur notre droite, les vaches aux prés, puis les pentes du plateau du Limon. Il y a presque de la monotonie dans ces 3 kilomètres qui se découvrent au ralenti, comme si l’on restait les yeux fixés sur la même carte postale d’une campagne idéale. Le mot juste serait plutôt : méditation.
Le hameau du Monteil, pas bien grand mais bien vivant, se traverse allègrement jusqu’à rejoindre une piste agricole qui longe la rivière. De l’autre côté, sur la rive droite, c’est la route départementale qui suit parallèlement le même trajet. Mais l’harmonie enchanteresse des paysages nous fait facilement oublier la lointaine rumeur des camions.
L’on ne risque pas de se perdre en chemin… Toute notre attention peut donc s’ouvrir aux nuances du paysage qui défile lentement sous nos yeux. Nous voulions une vallée ? Nous y voici ! Alors profitons de cette parenthèse agreste, pratiquement plate, ouverte à 360 degrés tout du long, et qui nous mène presque par magie jusqu’au village de Collanges.
La belle piste agricole rejoint finalement la petite route départementale qui mène à Dienne (RD 23). Ces 3 kilomètres presque rectilignes de bitume, il va falloir les emprunter nous aussi. L’environnement reste tout à fait champêtre, et les voitures sont rares, mais par grand soleil en plein été, il vous tardera de trouver l’ombre au prochain village !