Statue de Saint-Jacques

De St-Jacques-des-Blats à Font de Cère

Nous terminons cette randonnée vers les sources de la Cère dans l’esprit du chemin de Compostelle. Entre Saint-Jacques-des-Blats (c’est-à-dire des blés) et Saint-Jacques-de-Compostelle, un périple de 1300 kilomètres attend les pèlerins. Sous l’impulsion de l’abbé Jammet dans les années 1950, et avec le balisage de la Via Arverna dans les années 2000, le village a renoué avec son passé jacquaire. Nous suivrons donc les coquilles bleu et or jusqu’au puy Griou, que nous dépasserons avant de bifurquer en direction de la Font de Cère.

Carte de Saint-Jacques-des-Blats à Font de Cère

Après 2 kilomètres assez austères sur la RD 559, et avec la proximité grandissante de la RN 122, l’arrivée à Saint-Jacques-des-Blats a de quoi inquiéter les âmes contemplatives… et pourtant ! Le sympathique camping des Blats étant dépassé, et la Cère étant franchie, un petit mais chaleureux cœur de village nous accueille : église, mairie, bar-restaurant-épicerie, tout y est.

Cette jolie placette, insoupçonnable depuis la route nationale, est une bienheureuse surprise. En son centre, nous trouvons une première représentation de l’apôtre Jacques, muni de son bâton de pèlerin, au pied de la haute croix de pierre érigée en 1667. L’église reste marquée du souvenir de son curé, l’abbé Jammet, qui fit deux fois le pèlerinage. En Espagne, il rencontra l’archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle, qu’il invita dans le Cantal. Celui-ci, en route vers le Puy-en-Velay, honora l’invitation et fit halte à Saint-Jacques-des-Blats en 1962.

En tournant le regard vers le porche de l’église, on remarque un tympan décoré d’une mosaïque de galets figurant saint Jacques, ainsi qu’une stèle commémorant le passage des pèlerins en ce lieu. C’est encore à l’abbé Jammet que l’on doit l’initiative de ces œuvres contemporaines. Sous le porche, des panneaux racontent en détail la visite historique de l’archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle en vallée de Cère.

A l’intérieur de l’église, on trouve comme il se doit une statue de saint Jacques, ainsi qu’un splendide chemin de croix réalisé par l’artiste cantalien Maurice Chavaroc, encore un ami du dynamique abbé Jammet !

Station du chemin de croix
Station du chemin de croix
Station du chemin de croix
Station du chemin de croix

En cheminant, de coquille et coquille, vers le puy Griou, écoutons la chanson des pèlerins de Saint-Jacques, un véritable (et vénérable) « tube » du Moyen Âge. Son premier couplet, qui évoque Aurillac et la vallée de la Jordanne, atteste de l’importance de l’abbaye de Saint-Géraud à cette époque. Le texte complet en occitan ainsi que sa traduction en français sont disponibles sur cette page.

Sous la protection de saint Jacques, mais avec la plus grande prudence, traversons la RN 122 sur l’un des passages piétons. Cette épreuve étant passée, nous empruntons la route du col de Pertus et trouvons bientôt sur notre droite un chemin qui grimpe dans la forêt. Nous sommes à 980 mètres d’altitude, rendez-vous 500 mètres plus haut ! La montée, en réalité, se fait relativement en douceur, en grande partie dans la forêt, ponctuée de vues qui se dégagent pour récompenser nos efforts.

À vrai dire, l’itinéraire tracé par les coquilles Saint-Jacques n’est ni le plus logique, ni le mieux balisé. Le fichier GPX fourni avec cette randonnée se calque sur le chemin surligné en rose dans la carte IGN, et ne suit donc pas parfaitement le tracé du chemin de Compostelle. Par conséquent, on croise et recroise le balisage bleu et or, plus qu’on ne le suit scrupuleusement. Pour celles et ceux qui préfèreraient respecter l’itinéraire officiel, en voici le fichier GPX (pas entièrement vérifié sur le terrain lors du repérage).

Plus on monte dans la forêt, plus les pistes et les chemins se multiplient, ainsi que les fléchages et les balisages. Pas de panique : même si vous loupez une bifurcation, vous retrouverez toujours la direction du puy Griou en suivant aussi les panneaux vers le col de Gliziou, le GR 400, ou la vacherie du Griou.

Grosso modo, l’objectif est de rejoindre le GR 400, qui contourne le puy Griou coté ouest. Tout comme l’itinéraire en vallée de Jordanne offre momentanément des vues sur la vallée de la Cère, ici nous découvrons la Jordanne en cheminant vers les sources de la Cère. Le spectacle est grandiose… Presque à chaque pas, de nouveaux sommets se dévoilent, et complètent un panorama de plus en plus époustouflant. Tous les grands noms du massif cantalien se dessinent progressivement dans le ciel, avec au beau milieu, la pyramide du puy Mary.

Le simple contournement du puy Griou nous fait encore franchir 150 mètres de dénivelé positif, jusqu’à une altitude de 1560 m environ, soit le point culminant de la randonnée. De là, il est possible de faire l’ascension du sommet (1690 m), au prix d’une progression aussi raide que pénible dans la caillasse, à réserver aux marcheurs ayant le pied sûr. 

Un kilomètre plus loin, les yeux repus de panoramas sur la vallée de la Jordanne, il est temps de basculer à nouveau du côté de la Cère. Depuis un petit col, qui ne semble pas porter de nom, nous avisons la gare d’arrivée du télésiège de Rombière, légèrement en contrebas. La piste qui descend peu ou prou dans la même direction, balisée GR 4 et GR 400, nous conduit directement à la Font de Cère, 250 mètres plus bas. En juillet et août, il est même possible de redescendre directement par le télésiège, à condition bien sûr de payer en arrivant en bas. Et pourquoi pas cette petite fantaisie ?

La descente s’avère efficace et pragmatique, parmi les sapins qui bouchent quelque peu la vue. À l’arrivée, une pause au buron de Font de Cère s’impose pour boire un verre, déguster la gastronomie locale, ou même passer la nuit à prix très raisonnable.

La plaque « route impériale » nous rappelle que jadis, avant la construction du tunnel du Lioran, la route de Massiac à Aurillac empruntait le col de Font de Cère. Mais les rudes hivers d’antan, l’obscurité de la forêt, les loups qui rodent et les brigands qui guettent décourageaient les voyageurs d’affronter ce col. Les autorités lancèrent alors des travaux dantesques pour percer la montagne. Lors de son inauguration en 1843, le tunnel routier  du Lioran était le premier au monde à atteindre une telle longueur à une telle altitude !

Affiche de 1839 (la route impériale 146 devient route royale 126 en 1825)
Affiche de 1839 (la route impériale 146 devient route royale 126 en 1825)
En 1882, les galeries latérales du tunnel servent de cave à fromages !
En 1882, les galeries latérales du tunnel servent de cave à fromages !

Les divers ruisseaux qui convergent à la Font de Cère, formant ainsi la source officielle de la Cère, sont des cours d’eau intermittents, et donc possiblement à sec. Pour le pèlerins des sources, c’est une découverte possiblement frustrante ! Mieux vaut éviter une fin d’été par exemple… Plus bas, d’autres torrents coulent en permanence et nourrissent la Cère toute l’année. Quoi qu’il en soit, c’est une belle occasion de méditer sur ce trésor fragile que sont les eaux de nos montagnes. 

Un chemin noir se faufile entre les traits bleus discontinus de Font de Cère
Un chemin noir se faufile entre les traits bleus discontinus de Font de Cère

Fin du voyage… Un voyage tout en contrastes, entre passé et présent, entre nature sauvage et route à 4 voies, entre villages urbanisés et campagnes préservées. Un condensé, en quelque sorte, de la vie rurale aujourd’hui.

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