De Thiézac à Saint-Jacques-des-Blats
Thiézac se situe sur le GR 400, intitulé « tour du volcan cantalien » (140 km et 4650 m de dénivelé positif), qui compte parmi les plus fameux itinéraires de grande randonnée en France. L’été, on y croise nombre de marcheurs équipés d’un gros sac à dos, conférant au village une atmosphère d’étape alpine. En passant par la Porte du Lion, le chaos de Casteltinet et le hameau de Niervèze, cette étape rejoint le chemin de Compostelle pour atteindre Saint-Jacques-des-Blats.
Havre des randonneurs durant l’été (hôtel, gîte, camping, café, restaurant, épicerie, pharmacie…), le village de Thiézac offre bien des atouts que les automobilistes de la RN 122 ne soupçonnent pas ! Pour commencer, rendons-nous à l’église Saint-Martin, comme le fit Anne d’Autriche, reine de France, au XVIIe siècle. L’église possède une étonnante collection d’œuvres remarquables, parmi lesquelles un Christ aux outrages, rare et émouvante statue en bois polychrome représentant Jésus assis en attente de son supplice.
En sortant de l’église, descendre la rue du Presbytère, puis remonter légèrement jusqu’à l’office de tourisme. Juste derrière se trouve l’espace Hélène Canis, parc très agréable, tout en pente, avec vue sur le chaos de Casteltinet. Nous traversons ce parc pour rejoindre le camping de La Bédisse, en contrebas, et pour bénéficier des berges de la Cère.
Nous retrouvons, pour peu de temps une fois encore, les coquilles bleu et or du chemin de Compostelle. Mais jusqu’à Lafon, c’est le balisage du GR 400 que nous suivons. Après avoir passé le pont sur la Cère, il est possible de rejoindre une petite plage sur la gauche. Trempette ou pas, il s’agit ensuite d’affronter 300 mètres d’une route austère, avec un grand pont de la route nationale au-dessus de notre tête.
Le balisage rouge et blanc guide nos pas à travers le hameau de La Tour, puis nous mène au hameau suivant, nommé La Goutte. Au moment de tourner à droite, au niveau de la fontaine, près de laquelle des panneaux indiquent Le Croiset et Nierevèze (sic), vous pouvez vous offrir une première vue sur la pyramide du puy Griou en continuant tout droit pendant 100 mètres.
Après être passé sous la voie de chemin de fer, le GR 400 quitte la route pour grimper (modérément) dans la forêt en direction du chaos de Casteltinet. Ce chaos désigne un gigantesque éboulement post-glaciaire, avec des amas de blocs rocheux au pied de la falaise, aujourd’hui envahis par la végétation. Après avoir dépassé une table de pique-nique, assez inattendue en pleine forêt, nous pénétrons spectaculairement dans le chaos par l’emblématique Porte du Lion.
Le sentier, d’abord très étroit pour un GR, s’élargit ensuite et ondule dans la forêt, parmi les rochers immenses accumulés au pied de la falaise. Si les blocs de gneiss volcanique n’ont pas autant de fantaisie que les boules de granit du Sidobre par exemple, ce kilomètre à l’ombre des frondaisons se traverse avec plaisir. Peu avant d’arriver à Lafon, une passerelle en bois franchit le ruisseau de Casteltinet, qui forme ici une jolie petite cascade (sauf sécheresse bien sûr).
Nous sommes accueillis à Lafon par un ancien four à pain, à la jonction du court chemin qui mène au gîte d’étape de Lafon, aménagé dans l’ancien foyer de ski de fond (du temps où il neigeait, l’hiver, dans le Cantal…). Pas encore fatigué ? Alors c’est parti pour Niervèze ! Les 900 mètres d’asphalte sont totalement indolores, face à la beauté des panoramas sur le puy Gros, à l’est, et le puy Griou, au nord.
C’est presque à regret que l’on quitte la route pour un chemin qui descend sur la gauche en direction du moulin à eau de Niervèze. Récemment restauré et remis en état de marche, le moulin se visite l’été (vérifier avec l’office de tourisme). Le ruisseau, nommé Niervèze également, se traverse sur une passerelle en bois, puis le chemin monte dans les pâturages jusqu’au village. Les vues imprenables sur la vallée de la Cère révèlent le chemin déjà parcouru depuis Arpajon-sur-Cère.
Le village a conservé de nombreuses traces de sa vie d’autrefois, et parmi elles, la chaumière de Granier, ferme-bloc traditionnelle. Rachetée il y a peu par un particulier, son écomusée a dû hélas fermer ses portes. On peut tout de même admirer la technique de son toit de chaume. Et si vous croisez un gars du village, peut-être vous parlera-t-il de la pierre « chasse-roue », du mur doublé pour éviter que les cornes des vaches n’abîment la chaume, ou bien encore de ce traineau qui permettait de charrier les pierres sur les sols gelés de l’hiver.
Et le chemin de Compostelle ?
Un second itinéraire permet effectivement de relier La Goutte à Niervèze, balisé par les coquilles du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans sa variante auvergnate (Via Arverna).
Plus proche de la Cère, il ne permet cependant jamais de l’apercevoir, mais plus proche surtout de la RN 122, il souffre d’une pollution sonore assez désagréable. Le chemin n’offrant pas d’attraits particuliers pour compenser le désagrément du bruit, cette solution n’a pas été retenue sur ce site.
Ambiance sonore sur la Via Arverna du côté du Pas de Compaing (enregisté via le téléphone)
L’itinéraire de Niervèze à Saint-Jacques-des-Blats respecte bien, en revanche, le balisage de Compostelle.
Toutefois, pour celles et ceux qui souhaiteraient s’imprégner plus longtemps de « l’esprit du chemin » avant l’arrivée à l’église Saint-Jacques, voici la trace GPX du chemin de Compostelle entre Thiézac et Niervèze.
Pour les 4 kilomètres qui nous séparent de Saint-Jacques-des-Blats, nous allons rendre hommage à la tradition des pèlerins de Compostelle, et suivre le balisage des coquilles. Certes, nous tournons le dos à Santiago de Compostela, mais durant des siècles, les pèlerins faisaient aussi le retour à pied ! C’est alors qu’ils portaient la coquille Saint-Jacques, ramassée sur la plage de Fisterra, à quelques encâblures de Santiago. En l’occurrence, le chemin (tracé en noir sur la carte IGN) nous mène jusqu’au hameau du Cher, entre forêts et pâturages.
Après avoir traversé le Cher d’une ferme à l’autre, nous rejoignons la RD 559 qui, avouons-le, n’est pas particulièrement palpitante. C’est l’affaire de deux kilomètres tout au plus, et l’opportunité parfaite pour une marche méditative avant d’arriver à l’église Saint-Jacques.