De Saint-Simon à Velzic
À partir de Saint-Simon, la voie verte cède sa place à d’adorables sentiers pastoraux, le plus souvent sous les bois, parfois en chemin creux. La Jordanne n’est jamais très loin, et sauf l’hiver, les vaches Salers paissent paisiblement dans les prés alentours. Au détour d’un virage, il arrive que la vue se dégage, offrant un large panorama sur les sommets encore lointains. De bien belles récompenses pour seulement 30 mètres de dénivelé positif !
On quitte le village de Saint-Simon par le chemin de Vergnes, à l’angle d’une belle bâtisse où se trouvent l’épicerie-tabac-presse de Céline et Fériel ainsi que l’hôtel-restaurant de Laurent. Le chemin surplombe la rivière, dépasse le « rond-point des Champs-Élysées » (on vous laisse la surprise !) puis le panneau « Rouffiac » apparaît comme une promesse à la sortie du village.
Évocation de Jean-Baptiste Veyre
Lire un extrait
Discours en vers prononcé par J-B. Veyre au pied de la statue de Gerbert à Aurillac, le 16 octobre 1851, jour de l'inauguration.
Et si, avant de quitter Saint-Simon, nous faisions un petit tour en hommage au poète occitan Jean-Baptiste Veyre (1798-1876) ? L’instituteur de Saint-Simon connut un vif succès local avec son recueil Les Piaoulats d’un reïpetit, et fut considéré par ses pairs comme le précurseur du Félibrige dans le Cantal. Un âge d’or de la littérature cantalienne se fit jour à la fin du XIXe siècle, aussi bien dans la langue vernaculaire qu’en langue française, notamment avec le prix de l’Académie française décerné en 1903 au félibre Arsène Vermenouze (1850-1910).
À la toute fin de la route verte en provenance d’Aurillac, juste avant d’arriver place de l’Église, la maison natale de Jean-Baptiste Veyre se situe au 4 rue des Terres Blanches. Il s’agit d’une propriété privée, qui porte néanmoins une plaque commémorative. Après avoir passé le vieux pont, continuer sur la rue du Vieux Pont jusqu’à la place de la Pradelle (éventuellement, arrêtez-vous chez Jeannette au n°20 pour acheter des tripous faits maison). Sur la place, un petit monument rend hommage au poète.
Depuis la place de la Pradelle, longez la RD 17 en direction de Velzic pas plus d’un quarantaine de mètres. Sur une maison qui fut jadis un café-restaurant, une large enseigne reprend le quatrain en langue d’Oc que composa Jean-Baptiste Veyre pour payer son ardoise au bar ! Le chemin du retour se fait par le bucolique chemin du Moulin, qui longe la Jordanne et permet de retrouver le vieux pont.
La petite route à la sortie de Saint-Simon devient sentier et monte tranquillement dans les bois, jusqu’à un raidillon court mais abrupt qui rejoint la piste forestière en direction de Rouffiac. Si le terrain est trop glissant ou boueux, ce passage peut être évité en empruntant la route de Boussac depuis le cimetière : on passe alors devant une jolie croix de pierre sur la droite, puis un premier banc sur la gauche, et on rejoint la piste au niveau d’un deuxième banc.
La piste redescend ensuite dans la forêt, et débouche sur un chemin pastoral qui mène jusqu’au charmant hameau de Rouffiac. Une large berge ensoleillée accueille le passant, et sur la rive en face, qu’on rejoint par un petit pont, une table de pique-nique ombragée invite à faire une pause.
Avant de poursuivre vers Velzic, un détour culturel par la motte féodale d’Oyez mérite d’être envisagé.
Vers l’an Mil, apparurent en Europe des châteaux d’un type nouveau : les châteaux à donjon sur motte, formant une résidence dans un site fortifié. La motte revêtait, bien évidemment, une fonction défensive. Ces châteaux de terre et de bois se révélèrent aussi simples qu’efficaces.
Sur le site d’Oyez, on ne trouve à peu près plus que la motte ! Il ne reste plus rien de la première occupation à base de terre et de bois. Des sondages archéologiques ont démontré des vestiges de murs en maçonnerie, mais ils ne sont guères visibles.
La motte offre cependant un bel espace naturel, et deux tables d’orientation à son sommet. De belles étendues herbeuses, parsemées d’arbres majestueux, sont absolument idéales pour un bivouac (la permission de bivouaquer reste à vérifier).
Avec ou sans détour par Oyez, la randonnée emprunte le « chemin du tour du village » (c’est son nom !) pour traverser Rouffiac et retrouver rapidement le sentier. Profitons de ces quelques mètres pour évoquer le souvenir du poète Pierre Moussarie (1910-1978), auteur d’une quinzaine de recueils plusieurs fois récompensés par l’Académie française. À côté de sa poésie douce-amère, il écrivit des chansons populaires et notamment la valse Aux flancs du Puy Mary, à laquelle le nom de ce site fait référence. Une rue porte son nom dans le village de Saint-Simon dont il fut maire durant plus de vingt ans.
Lire un extrait
Sélection de poèmes parmi les recueils suivants : Chemin vicinal, Campagne, Pistes secrètes, Poèmes inédits ou retrouvés.
Sur ce « chemin du tour du village », on peut également admirer l’émouvant oratoire consacré à Notre-Dame-des-Douleurs. Très vite, des panneaux en bois indiquent la direction de Clavières. En effet, bien que cela ne soit pas flagrant sur les cartes IGN, on est ici sur un chemin, certes non balisé, mais tout de même fléché !
Le hameau de Clavières est vite atteint, et comme chaque lieu-dit que traverse cette randonnée, il possède bien sûr son petit château. Pour poursuivre vers Velzic, deux brefs tronçons de la route départementale RD 17 vont devoir être empruntés. Le premier, près des Baraquettes, en sortant de Clavières, nécessite d’emprunter 150 mètres de bande cyclable, dans une relative sécurité. Le second, qui longe le hameau de Mousset, réclame un peu plus d’attention car exempt de bande cyclable, mais n’excède pas 200 mètres.
Alternative par la montagne de Faliès
Pour éviter les incursions sur la RD 17, il existe une solution élégante, et même deux, au prix cependant de 200 mètres de dénivelé.
En effet, à mi-chemin entre Rouffiac et Clavières, vous trouverez une sente discrète qui grimpe sur la droite, indiquée par un panneau en bois portant la mention « Faliès ». Ici, on n’est clairement pas sur une autoroute à randonneurs ! Ce sentier de traverse monte dans les bois jusqu’à rejoindre une petite route de campagne bien de chez nous, le chemin de Faliès. Certes, c’est du bitume, mais c’est une autre ambiance !
Il faut alors longer la route pour dépasser la ferme de Faliès, puis choisir entre deux options pour redescendre à Velzic.
Vers le pont de Mousset en passant par la tour de Faliès
Cette option permet d’enchaîner avec la visite du site de Lavernière après le pont de Mousset, et passe par les vestiges, très ruinés, de la tour de Faliès. Il n’y a aucun panneau permettant de repérer le chemin, mais on trouve un passage de clôture en bois sur la gauche juste après avoir dépassé une grange.
En 1983, une croix a été inaugurée pour fêter le millénaire de la tour de Faliès. D’après le blog loup du Coyan, précieux témoignage d’un passionné, cette croix fut bénie avec l’eau du Jourdain lui-même, confirmant une fois de plus le jumelage symbolique entre la Jordanne cantalienne et le fleuve palestinien.
Vers l'église de Velzic en passant par les blocs des Murocs
La tour de Faliès se situant à moins de 5 minutes à pied de la route, il est possible de choisir cette option sans se priver du détour aux vestiges. En choisissant de redescendre à Velzic par les Murocs, vous parcourez un sentier balisé de vert qui rejoint directement l’église Sainte-Marie. L’attrait principal du chemin des Murocs réside dans le site d’escalade de blocs, que l’on trouve plus ou moins à mi-chemin de la descente, par un discret accès sur la gauche.
Hélas, la mousse a tendance à envahir ces blocs, un peu de nettoyage serait utile : avis aux grimpeurs de bonne volonté !
Même si vous n’avez pas pris vos chaussons d’escalade, le site offre une belle atmosphère et vaut le coup d’oeil. De retour sur le chemin des Murocs, il ne reste plus qu’à se laisser porter par la descente jusqu’au village…
On passe ensuite devant un joli petit four à pain (privé) avant d’atteindre le site de Lavernière. Un bel espace vert accueille le visiteur en bord de Jordanne, parmi les aulnes dont l’appellation en patois (vergne) a donné son nom à ce lieu, mais aussi à toute la région (Au-vergne). La Communauté d’Agglomération du Bassin d’Aurillac a installé un ensemble de panneaux pédagogiques extrêmement intéressants. On y apprend, entre autres, que le site de Lavernière fut exploité comme sablière entre 1953 et 1962. Lorsque l’exploitation cessa, le lit de la Jordanne mesurait ici plus de 80 mètres !
En franchissant le pont sur la Jordanne, on remarque sur la gauche le stade municipal, que la carte IGN signale comme lieu de camping. Ce fut effectivement un camping municipal, mais il est désormais fermé car situé en zone inondable. Après avoir traversé (prudemment) la RD 17, nous passons devant le bar-tabac « Chez Momon », et débouchons sur la jolie église Sainte-Marie, au bord du ruisseau des Combes. À toutes fins utiles, des toilettes publiques sont à disposition avec un point d’eau.